lundi 20 février 2012

L'enseignement spécialisé (classes compensatoires), quelle philosophie?

Intégration et inclusion
19 décembre 2009
Une jeune correspondante, « en terminale service à la personne », me demande « des renseignements sur ces deux notions », après de vaines recherches sur le Web. Je mets en ligne la réponse que je viens de lui faire, qui pourra servir à d’autres. Brève, lapidaire, pour aller à l’essentiel.

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Le concept d’intégration (scolaire ou sociale) renvoie à un travail à faire pour permettre aux enfants handicapés de vivre parmi des enfants non handicapés de leur âge (intégration sociale) et de tirer bénéfice des apprentissages scolaires proposés (intégration scolaire stricto sensu).

Ce concept, qui a dominé les références officielles dans les années 1980 et 1990, a été contesté par un courant radical, d’origine états-unienne, bien représenté en France par Charles Gardou. Ces « penseurs » lui opposent celui d’inclusion, qui vient d’entrer dans les appellations officielles avec la nouvelle circulaire sur les CLIS( ou classe compensatoires). Selon eux, il n’y a pas à faire un quelconque travail pour « intégrer » les élèves handicapés parmi les autres, il s’agit exclusivement de leur reconnaître un droit, absolu, inconditionnel, à être présents parmi les autres, à être « inclus » dans tous les groupes dans lesquels ils seraient « inclus » s’ils n’étaient pas handicapés. Idem pour les adultes, bien sûr.

Derrière cette thèse, il y a l’idée que le handicap résulte essentiellement, voire exclusivement, du regard social (rejetant) posé sur les handicapés, la seule chose à faire étant de lutter contre ces « discriminations ».

A mes yeux, ce courant d’idées n’est qu’une des figures du déni des réalités du handicap : c’est avant tout le handicap lui-même, la grande tragédie du handicap, qui « discrimine », et secondairement seulement le regard social. Aucun changement du regard social ne rendra la vue à un aveugle, l’ouïe à un sourd, la marche à un paraplégique, la pensée à un grand déficient intellectuel, etc. Et il ne suffira certes pas de les « inclure » parmi les voyants, les entendants, les marchants et les pensants pour qu’ils deviennent des « citoyens comme les autres » !

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Sur un thème similaire, voir aussi sur mon site une note critique sur la notion de « situation de handicap ».

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Dimanche 23 janvier 2011 :

Sur Le forum des enseignements spécialisés, voir le fil de discussion Spécialisé ou Ordinaire ?

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